Serge Giguère décoré du prestigieux prix Albert-Tessier

 Le cinéaste et documentariste originaire d’Arthabaska (aujourd’hui Victoriaville), Serge Giguère, vient de remporter une autre prestigieuse récompense, le prix Albert-Tessier.

Il est le récipiendaire 2021 de ce prix qui se veut la plus haute distinction attribuée à une personne pour sa contribution remarquable aux domaines de l’audiovisuel ou des arts de la scène au Québec. C’est le 10 novembre lors d’une cérémonie à Québec qu’il le recevra officiellement.

En entretien téléphonique, quelques heures après l’annonce, Serge Giguère, qui a déjà remporté un Jutra en 2007 et 2015 notamment, a indiqué qu’il avait été bien surpris d’apprendre qu’on lui remettait le prix Albert-Tessier. « Des 40 personnes qui l’ont reçu jusqu’à maintenant (une personne par année), j’ai déjà travaillé avec 15 d’entre elles », a-t-il mentionné en se rappelant également qu’il avait déjà filmé ce Mgr Albert Tessier (dont le prix porte le nom) dans son film « À force de rêves ». « J’ai tourné avec Léo Arbour et il avait une sculpture d’Albert Tessier qui l’avait soutenu dans le développement de son talent », se souvient-il.

Le cinéaste, qui habite Saint-Norbert-d’Arthabaska, a de plus souligné qu’il s’agissait de la seconde fois où son nom était soumis au jury du prix, présenté cette année par la Cinémathèque québécoise, sous la suggestion de Sylvie Van Brabant. « C’est une belle reconnaissance, a-t-il confié. Des fois tu te demandes si tu le mérites », ajoute-t-il humblement en insistant sur le fait que cette reconnaissance s’adressait aussi à tous ceux avec qui il travaille.

Serge Giguère, 75 ans, fait son chemin dans le documentaire québécois depuis 51 ans maintenant. À son rythme, selon ses coups de cœur, à sa manière qui permet de voir le Québec sous ses yeux et ceux de ses sujets. Il insiste pour dire que chaque fois, il entreprend un film selon un coup de cœur, voulant mettre de l’avant la couleur du personnage choisi.

Ensuite, il y va avec du cinéma-direct. Ainsi, plutôt que de faire des entrevues, il préfère suivre ses sujets dans leur quotidien et ainsi magnifier leur vie. « Je ne suis pas la mode. Je ne fais pas de séries », ajoute-t-il.

Et pour lui chaque film est un défi.

Par exemple, pour « Les lettres de ma mère », sorti en 2018, il raconte avoir pris le quotidien d’une femme ordinaire, sa mère en l’occurrence, et, par sa correspondance avec ses enfants notamment, il a voulu montrer ses émotions.

Actuellement, c’est sur un projet de documentaire sur Maurice Richard qu’il travaille. En fait, pour être précis, il s’agit d’un projet qui date de plus de 40 ans. Il souhaite finir ce film qu’un ami réalisateur, aujourd’hui décédé, avait entamé et pour lequel Serge avait pris des images du Rocket dans le temps. « C’est un projet que j’essaye de financer », ajoute-t-il.

Le cinéaste a donc récupéré les bobines de film, qui ont été transférées en numérique. « J’ai réécrit le scénario pour ajouter du matériel », dit-il encore. Parmi ce matériel, il souhaite dire, dans ce documentaire, que c’est grâce à Maurice Richard qu’il a rencontré Oscar Thiffault, lequel est devenu le sujet de son premier grand documentaire en 1987. 

« Nous étions allés à plein de places pour filmer Maurice Richard. Même ici à Saint-Albert, où Oscar Thiffault a chanté en personne, à Maurice, la chanson dont il était le sujet. Mon ami m’avait demandé de le trouver », précise-t-il. C’est donc grâce à son ami aujourd’hui décédé, et à Maurice Richard, que tout a commencé.

Un documentaire donc, qui est en attente de financement et qui dépeindra le célèbre numéro 9, mais sous l’aspect culturel et non sportif. « Son mythe a rejailli dans tous les domaines », indique-t-il en mentionnant notamment tous les livres, les romans et même du pain à l’effigie du joueur de hockey.

Serge Giguère est toujours curieux et souhaite continuer à réaliser des documentaires. Il est bien derrière la caméra à faire ce qu’il aime.