Deux sœurs se sont offert le Canada à vélo
Parties de l’île de Vancouver le 8 juin, Alexandra et Maude Tanguay, deux Victoriavilloises d’origine, ont parcouru tout près de 5800 km à vélo pour revenir 76 jours plus tard dans leur patelin. Sous une chaleur accablante, elles ont foulé, dimanche en début d’après-midi, le sol du parc Terre-des-Jeunes.
Le www.lanouvelle.net leur avait donné rendez-vous, le lendemain, en ce lieu paisible en bordure de la rivière Nicolet pour qu’elles racontent leur aventure hors du commun.
Le vélo, d’abord, a toujours fait partie de leur quotidien. D’ailleurs, Alexandra, qui réside maintenant à Montréal, l’utilise comme moyen de transport. Mais un si long périple constitue une première pour les deux sœurs qui, en novembre 2020, ont décidé de se lancer.
Une telle traversée du pays trottait dans la tête de Maude depuis un bon moment. « Un de mes enseignants l’avait déjà fait et nous avait montré des photos. Je me disais que ça serait le fun de le faire un jour », raconte la jeune femme qui a vécu un an sur l’île de Vancouver en travaillant comme monitrice de français. « Maude avait dans sa tête de revenir à Victo à vélo », précise Alexandra.
Un tel voyage requiert une bonne préparation tant mentale que physique. « On a fait des recherches sur le trajet parce que, pendant deux mois et demi, nous dormions la plupart du temps en camping. On a visionné des vidéos pour notre préparation mécanique. Nous voulions être autonomes le plus possible. On a préparé tout notre équipement. Pour notre premier gros voyage, on ne voulait manquer de rien », confie Alexandra Tanguay.
L’expédition
Cette traversée du Canada, Maude et Alexandra l’ont fait par plaisir, mais aussi par défi. « Bien sûr, on n’a pas le temps de tout voir, mais en vélo, on peut davantage en profiter qu’en voiture. De plus, on fait des rencontres. Et puis, en cyclotourisme, traverser le pays est un accomplissement et un défi personnel », souligne Maude Tanguay.
Les sœurs Tanguay ont pris le départ le 8 juin et les premiers coups de pédale procurent, aux dires d’Alexandra, un mélange de sentiments. « Il y a ce grand sentiment de liberté. T’es libre, exprime-t-elle. Il y a cependant un certain stress. Mais ça nous permet de nous recentrer sur soi, de nous dépasser. »
Après quelques jours, les aventurières ont pris conscience de l’ampleur du défi qui les attendait. Après des journées de 50, 55 et 70 km, elles réalisent qu’elles n’ont parcouru que 1% du voyage. « Un petit doute s’est installé, confie Alexandra. C’était difficile, mais on s’est fixé de petits objectifs en commençant par traverser la Colombie-Britannique. Finalement, une fois à Calgary, on s’est trouvées tellement bonnes et on a continué. Il nous fallait prendre notre élan. »
En moyenne, les deux sœurs roulaient 90 km par jour, parfois un peu moins, notamment dans les montagnes, parfois plus comme dans les Prairies. Étonnamment, les cyclistes n’ont subi aucune crevaison. Seule Alexandra a dû pédaler pendant près d’une centaine de kilomètres sur sa vitesse la plus élevée en raison du bris d’un câble.
Les deux femmes ont affronté aussi des conditions pour le moins difficiles, notamment la chaleur. Le vent ne leur était pas favorable non plus. « Les cyclistes ont l’habitude de faire la traversée d’ouest en est dans le sens du vent normalement. Mais on n’a pas eu beaucoup de vent de dos », note Maude. « Tu le sais que le vent est de dos, ça roule vraiment bien et vite », ajoute Alexandra.
Elles ont connu aussi quelques journées de grande pluie, ce qui les amenait à étirer le déjeuner et à enfourcher les vélos un peu plus tard que prévu.
Questionnées sur ce qu’elles ont trouvé le plus difficile, elles répondent l’inconnu. « Comme ne pas savoir parfois où on allait passer la nuit. On voulait plus y aller au jour le jour, mais on s’est rendu compte qu’on aimait ça planifier deux ou trois jours d’avance », explique Alexandra Tanguay.
Malgré tout, elles ont laissé place à l’imprévu, à l’improvisation, changeant parfois d’itinéraires à la suite de suggestions de cyclistes rencontrés en chemin.
En route, elles ont particulièrement apprécié les beautés de la Colombie-Britannique, de même que les Grands Lacs. « Rendu au sommet de la grande côte, tu descends ensuite et tu aperçois les Grands Lacs, les plages. Tu vois tout », se souvient Maude.
Chantier Jeunesse
Leur projet baptisé « Les demoiselles en selle », Alexandra et Maude l’ont planifié avec le support de Chantier Jeunesse qui favorise le développement de jeunes citoyennes et citoyens actifs et engagés en leur permettant de contribuer à l’amélioration d’un milieu de vie d’une communauté et ainsi développer leur potentiel et leurs compétences tout en découvrant un nouveau pays ou une nouvelle région. « On l’a fait pour promouvoir la persévérance, l’activité physique et le dépassement de soi. On a alimenté notre page Facebook durant notre périple », indique Alexandra.
Mais une deuxième étape viendra : les sœurs Tanguay prononceront éventuellement des conférences pour raconter leur aventure cycliste.
Bientôt, Alexandra retrouvera son travail de conseillère en employabilité dans un Carrefour jeunesse emploi (CJE) et Maude dénichera un nouvel emploi dans la région.
Mais il se pourrait qu’un nouveau projet naisse éventuellement. « En cours de route, on a rencontré des cyclistes qui nous parlaient de leurs voyages, certains en Europe de l’Est. Cela fait naître des idées de projets futurs. Mais pour le moment, c’est la pause bien méritée », conclut Alexandra visiblement fière et satisfaite, tout comme Maude, de leur accomplissement.