Le procès d’Aline Michaud entre dans sa phase finale

Le procès d’Aline Michaud, accusée d’agression sexuelle, a repris, jeudi avant-midi, au palais de justice de Victoriaville, avec les plaidoiries de chacune des parties.

Comme le prévoit la procédure, puisque l’avocat de l’accusée, Me Michel Lebrun, a présenté une défense, l’honneur lui revenait de s’adresser en premier aux huit femmes et six hommes qui composent le jury.

Me Lebrun a soutenu, d’entrée de jeu, que sa cliente a démontré qu’il est impossible que les gestes qui lui sont reprochés se soient produits. «Il y a plus, dans cette affaire, que la question : qui croire? Il y a plusieurs autres éléments. La version de la plaignante, a-t-il fait valoir, est problématique au niveau de la crédibilité, de la cohérence et de la fiabilité.»

L’avocat a soutenu que «l’animosité, voire la haine» de la plaignante envers l’accusée affecte sa crédibilité.

Autre aspect, selon lui, qui milite pour la plus grande prudence : l’intérêt de la plaignante pour l’argent.

Me Lebrun a notamment évoqué la poursuite civile entamée après que des accusations criminelles soient portées. Il a relevé aussi le fait que la plaignante n’a révélé qu’en février 2019 la confrontation avec son père, sans compter la récente révélation concernant le prétendu sac d’épicerie rempli de cannabis. «Sa version comporte des incohérences et des invraisemblances faisant qu’on peut hésiter à la croire sur parole», a exprimé l’avocat, ajoutant que ses souvenirs émanent de «flashback». «Peut-elle se tromper? Quelle est la part d’imagination?», a continué Me Lebrun.

L’avocat estime que l’intérêt de la plaignante pour l’argent, l’animosité envers l’accusé, les impossibilités dans sa version et ses problèmes de mémoire font en sorte qu’Aline Michaud devrait, selon lui, être déclarée non coupable.

Me Lebrun a souligné que sa cliente, lors de la perquisition, a volontairement accepté de donner sa version aux policiers. «Elle a le souci de dire la vérité, elle n’a rien à cacher,  ni même le vibromasseur. Ainsi, les lacunes importantes dans le témoignage de la plaignante mènent vers une seule possibilité : déclarer Mme Michaud non coupable», a conclu l’avocat.

Le ministère public

Le procureur de la poursuite, Me Michel Verville, au départ, a invité les jurés à garder à l’esprit que les faits allégués seraient survenus en pleine nuit, que la plaignante était alors une adolescente âgée d’environ 15 ans.

«Elle a fourni une description du vibromasseur qu’aurait utilisé l’accusée pour le passer sur son clitoris. On sait que l’appareil existait au moment des faits. Mme Michaud dit l’utiliser pour son mal de cou. Pour la plaignante, c’est une tout autre histoire», a plaidé Me Verville.

Me Michel Verville de la poursuite (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Alors qu’on soupçonne un motif d’argent, la plaignante a fait savoir que le procès criminel et la poursuite civile constituent deux actions dissociées, a souligné le représentant du ministère public.

Ce dernier a aussi questionné la crédibilité de l’accusée, notamment sur l’argent qu’aurait pris la plaignante dans un tiroir de son père. «Elle ne l’a pas vue, mais elle en déduit que la plaignante l’a fait», a-t-il noté.

Sur la présumée agression, Me Verville a fait valoir que l’accusée affirme seulement que ce n’est pas arrivé, sans explication aucune.

Quant au voyage à Disney World, il devait récompenser les enfants pour leur réussite scolaire. «C’était pour récompenser des bonnes notes, mais celles-ci n’étaient pas satisfaisantes, a dit l’accusée. Et ils y sont quand même allés», a souligné le procureur aux poursuites criminelles et pénales.

Me Verville a terminé à soutenant qu’on a tenté de «noyer le poisson». «On a servi une quantité d’événements à la plaignante qui influencent ses souvenirs. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas arrivé, mais qu’il est difficile de les imbriquer sur une ligne temporelle. On l’a questionnée sur plusieurs événements pour l’ébranler. Mais, a-t-il dit aux jurés, concentrez-vous sur l’événement impliquant Mme Michaud qui se serait livrée à une agression sexuelle.»

Les plaidoiries ont été suivies d’une conférence pré-directives hors jury, après quoi le juge Louis Dionne de la Cour supérieure du Québec s’est retiré pour préparer les directives finales qu’il adressera aux jurés avant que ne débutent leurs délibérations.