À la découverte d’un projet portant sur la reprise d’une terre en friche

Jusqu’à la fin de l’été, les citoyens peuvent découvrir un projet portant sur la reprise d’une terre abandonnée de culture sur les terrains de l’ancienne ferme-école dans le parc du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur à Victoriaville.

«Il s’agit, en fait, d’une démonstration d’une reprise d’une terre en friche. Le champ, qui s’y trouve, a été abandonné depuis un an puisque les travaux se font maintenant à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB). Le champ a été laissé à lui-même et nous avons décidé d’en faire une vitrine pour démontrer la façon de faire en agriculture biologique pour reprendre un champ abandonné», explique Simon-Louis Lajeunesse, chercheur sénior au Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du Cégep de Victoriaville.

Simon-Louis Lajeunesse, chercheur sénior au CISA

Le projet est mené de concert avec l’INAB, Hop la Ville et le CETAB +. «L’ensemble du champ a été sursemé. On a semé directement dans la mauvaise herbe. Mais on a réservé un grand rectangle dans lequel on a cultivé, travaillé le sol pour y semer du blé major, une variété de blé qui possède une bonne résistance aux mauvaises herbes», indique le chercheur.

Deux blocs ont été aménagés avec deux engrais verts différents. Des panneaux signalétiques y ont été installés qui informent sur le projet. «Nous tenons à ce que les gens soient informés sur ce qui s’y passe. C’est ouvert à tous. La population peut aller avoir», souligne Simon-Louis Lajeunesse.

L’un des panneaux informe qu’en agriculture biologique, le sol doit être préparé avant d’implanter une culture, notamment avec des engrais verts. Ces engrais sont constitués de plantes qu’on cultive pour les retourner au sol, lui apportant des nutriments, mais aussi une amélioration de sa structure.

L’agriculture bio nécessite des instruments (sarcloirs, herses, trilles et rouleaux cages) utilisés pour détruire les mauvaises herbes.

On y apprend aussi qu’il faut parfois plusieurs saisons de préparation pour obtenir une récolte offrant des rendements élevés.

Les responsables du projet se sont assurés de semer le blé plus tardivement de façon à ce que les phases soient visibles pour les visiteurs. «Habituellement, on sème le blé à la fin d’avril. Pour cette vitrine, on a semé le 15 juin pour que les citoyens puissent observer l’évolution du blé, sinon le blé devient mature au début d’août», note-t-il.

Il s’agit donc d’une vitrine, d’une démonstration pour la population parce que les experts, eux, savent déjà ce qui survient avec une terre laissée à l’abandon. «Le sol d’un champ abandonné manque de structure. On peut y constater aussi un affaissement du point de vue des minéraux, azote, phosphore, potassium, précise M. Lajeunesse. Un tel endroit requiert donc qu’on répande d’abord des engrais verts permettant au sol de se régénérer, de retrouver une bonne richesse agronomique.»

On y a semé du blé major.

Dans la partie semée de blé major, des mauvaises herbes ont envahi le champ. Ce qui n’empêchera pas toutefois le blé de croître. «Il donnera du rendement et quelque chose d’intéressant comparativement à d’autres blés qui se trouveraient en grande difficulté dans les mêmes conditions», fait valoir Simon-Louis Lajeunesse.

L’expérience permet donc de montrer la possibilité de produire du blé en agriculture biologique et d’obtenir un rendement malgré des conditions très difficiles.

L’idée d’une telle vitrine revient au chercheur qui, au départ, souhaitait cultiver tout le champ. Mais des agronomes lui ont fait part de l’impossibilité compte tenu de l’abondance des mauvaises herbes.

Mais, après une portion réduite, le projet pourrait s’étendre avec les années. «On pourrait reprendre possession du champ au complet pour Hop la Ville d’ici deux ou trois ans», indique M. Lajeunesse.

Tout dépend de la question du financement, entre autres, et de la décision que prendra l’INAB au sujet du champ en question. «J’ai proposé, quant à moi, de ne pas le laisser à l’abandon, de le cultiver, de le maintenir du moins minimalement pour qu’une récupération soit plus facile le jour où une décision sera prise», mentionne-t-il.

Ce champ, renchérit-il, offre diverses possibilités. «Différents projets peuvent être menés, comme des expérimentations de lutte aux plantes envahissantes qui constituent un problème au bord de la rivière. Bref, ce champ ouvre la voie à différentes applications», conclut Simon-Louis Lajeunesse, détenteur d’une maîtrise en biologie, maîtrise portant sur le blé, et d’un doctorat en service social.