De jeunes immigrants affrontent les rigueurs de l’hiver
Seize jeunes immigrants de 10 nationalités vivent une aventure d’intégration hors du commun, animés d’une volonté de livrer un message d’espoir, d’ouverture, de tolérance, d’inclusion et de vivre ensemble.
Originaires du Congo, du Bangladesh, du Népal, de Colombie, de la Syrie, du Honduras et de la République Centrafrique, notamment, ces jeunes garçons et filles participent au Challenge polaire, une expédition de 250 km entre Sherbrooke et Québec, une randonnée qu’ils font à vélo, en ski de fond et à la course à pied, affrontant ainsi les rigueurs de l’hiver québécois.
Ce défi, ils l’ont entrepris, vendredi, à Sherbrooke. Le groupe est arrivé à Victoriaville pour passer la nuit à l’École secondaire Le boisé. Lundi matin, avant de reprendre la route, à la course, à destination de Plessisville, les participants ont pris la parole devant des élèves du Boisé.
«Il s’agit de notre deuxième édition du Challenge polaire, un parcours à la course, à vélo et en ski de fond tout en lançant le message du vivre ensemble. On veut, à travers cette expérience, amener les jeunes à mieux se connaître, à découvrir leurs qualités et une certaine persévérance. C’est également une opportunité, pour eux, de lancer un message, d’aller à la rencontre de la population», a confié Virginie Leblanc, coordonnatrice du Challenge polaire, une initiative de Motivaction Jeunesse, organisme basé à Québec pour venir en aide aux jeunes immigrants, pour prévenir le décrochage scolaire et pour lutter contre la sédentarité.
«La plupart de nos actions passent par le sport et le plein air. On croit beaucoup en leurs vertus, au dépassement de soi», a fait valoir son fondateur, Luc Richer, tout en invitant d’ailleurs les jeunes à ne pas se laisser décourager par les autres s’ils ont des idées particulières. «J’ai fait ma vie sur des idées qui sortent de l’ordinaire. Ça en prend pour se démarquer dans la vie. Le Challenge polaire est une idée audacieuse. Un projet un peu fou, a-t-il admis. Mais il faut parfois sortir des sentiers battus.»
Témoignages
Rencontrés par le www.lanouvelle.net avant la conférence, Dawa du Népal, Yinela de Colombie et Moussa de Centrafrique ont commenté leur participation au Challenge polaire et leur venue au Québec.
«Comme nous sommes des immigrants, nous voulons donner l’exemple aux nouveaux immigrants, leur démontrer qu’ils n’ont pas à avoir peur du froid, qu’ils peuvent découvrir le Québec. Nous souhaitons démontrer qu’on est ouvert à la culture québécoise et à la rencontre de nouvelles personnes», a confié Yinela.
Avouant qu’il a particulièrement trouvé difficile le début du défi, Dawa dit le faire pour lancer le message «qu’on est capable de vivre ensemble». «Ce que je fais, j’en suis fier. Je m’en souviendrai toute ma vie, a-t-il souligné. Et dans notre groupe, nous sommes tous différents, nous provenons de différents pays. Nous nous concentrons sur ce qui nous unit.»
Moussa, pour sa part, a fait savoir que le Challenge polaire se passait très bien pour lui. «On a bien pratiqué avant de commencer, a-t-il mentionné. Pour moi, c’est vraiment intéressant. Comme je suis seul, ici, au Canada, ces activités me permettent de rencontrer beaucoup de gens, de me faire des amis.»
Ils ont tous, par ailleurs, affirmé qu’ils aiment le Québec. «Les Québécois sont très accueillants, très ouverts à notre endroit», a résumé Moussa.
C’est Virginie Leblanc qui a animé la rencontre, interrogeant les immigrants, des réfugiés pour la plupart.
Le froid, la question de la langue, le transport (présence de nombreux véhicules) et la solitude figurent parmi les difficultés qu’ils ont notamment connues en arrivant en sol québécois.
Interrogés sur leur nouvelle vie, Ali, un jeune homme de la Syrie, a confié qu’il appréciait la sécurité, le vivre ensemble. «C’est comme la Syrie avant la guerre. J’aime la liberté d’espace, la liberté de m’exprimer», a-t-il souligné.
Ces jeunes immigrants ont, comme quiconque, des rêves, des aspirations. L’un souhaite devenir conducteur de camion et chef cuisinier, un autre rêve de devenir un joueur professionnel de soccer ou encore un professionnel de la danse.
Un amateur de course, de son côté, aimerait devenir athlète et participer aux Jeux olympiques.
Si Sandrine a exprimé le souhait de devenir policière, Moussa, lui, ne cache pas son intérêt pour la profession d’infirmier. «Et mon deuxième rêve, a-t-il ajouté, c’est de créer un organisme pour aider les orphelins.»
Quant à Yinela, il lui faut d’abord terminer ses études. «Ensuite, j’aimerais voyager à travers le monde afin de découvrir et connaître différentes cultures et rencontrer des gens», a-t-elle signalé.
La rencontre a aussi permis aux élèves du Boisé de poser leurs questions aux participants du Challenge polaire.
À la fin, le député fédéral Alain Rayes leur a fait savoir qu’il était lui-même fils d’immigrants égyptiens. «Mes parents ont eu quatre enfants à Victoriaville, cette ville qui m’a élu maire. Les gens m’ont fait confiance. Aujourd’hui, je suis député. Tout est possible pour vous, leur a-t-il dit. Le Canada est un beau et grand pays. Ne lâchez pas. Elle est inspirante cette activité!»