Des questions souvent posées aux deux mamans
Depuis qu’elles ont décidé de fonder une famille, Jessica Lavallée et Vanessa Riopel provoquent la curiosité de bien des gens. Elles se font toujours un plaisir de répondre à leurs interrogations et concluent que leur réalité s’avère très similaire à celle de n’importe quelle famille. En voici quelques-unes qui reviennent souvent :
Comment se déroule la sélection du donneur?
Nous avons fait affaire avec la Clinique OVO à Montréal, qui traite avec des banques de sperme spécialisées. Il s’agit d’un site web qui ressemble à un site de rencontre. Tu peux choisir quelques critères, dont la couleur des yeux, des cheveux et de la peau, le groupe sanguin, etc. Un court texte décrit sa personnalité. Certains, plus généreux que d’autres, dévoilent plus d’informations comme des détails sur leur jeunesse et sur l’atmosphère dans lequel ils ont grandi. On peut acheter des échantillons à l’unité, mais comme nous avions pris la décision d’avoir le même donneur pour tous nos enfants, nous avons acheté plusieurs échantillons qui sont préservés en congélation à la clinique.
Est-ce qu’ils ont le même père?
Si vous demandez à Wilson qui est son père, il vous répondra avec fierté : «Non, moi j’ai deux mamans.» Nos enfants n’ont pas de papa. Le bon terme à utiliser est «donneur». Et puis, est-ce qu’on demanderait à une maman hétérosexuelle si tous ses enfants ont le même père? Sans rancune, cette question nous fait bien rire. Pour répondre, nos enfants ont effectivement le même donneur, car notre souhait était qu’ils aient un peu du même gène. Mais mise à part la ressemblance physique, ça n’aurait rien changé d’avoir des donneurs distincts. Nos enfants restent des frères et sœurs comme tous les autres frères et sœurs de conception traditionnelle.
Est-ce que vos enfants peuvent rencontrer le donneur s’ils le souhaitent?
Le donneur peut être fermé ou ouvert. Le premier ne donne pas l’autorisation de pouvoir le rencontrer un jour. Celui qui est ouvert, ce que nous avons choisi, offre l’opportunité aux enfants d’entrer en contact avec la Clinique OVO, une fois âgés de 18 ans, afin d’obtenir ses coordonnées. Nous laissons donc ce choix à nos enfants. Nous devons plus qu’un merci à cette personne qui nous a permis d’avoir ce que nous avons de plus beau dans nos vies.
Qui est la vraie maman?
Voilà une question qui nous fait bien rire. Nous comprenons par là que les gens se demandent qui est la mère biologique. Mais reste que ça insinue qu’une de nous deux serait «fausse». Nous sommes deux mamans qui avons un amour inconditionnel égal et un lien d’attachement aussi fort envers les enfants que nous avons portés ou non. Nous avons porté toutes les deux, mais nous connaissons des mamans qui sont de vraies mamans, même si elles n’ont pas vécu la grossesse.
Avez-vous peur que vos enfants se fassent niaiser à l’école?
Comme tous les parents, oui. Nous ne voulons que du bien pour nos enfants. Autant nous souhaitons qu’ils soient acceptés comme les autres, autant nous voulons qu’ils soient respectueux envers les autres. Chaque enfant est unique et vit dans une famille unique. Il est vrai que nos enfants ont une étiquette de plus à défendre, mais nous avons confiance que les parents des autres enfants doivent les éduquer à accepter la différence. Nous travaillons toutes les deux dans le domaine de l’éducation et nous remarquons que les jeunes sont très ouverts d’esprit.
Pensez-vous que votre situation familiale influencera l’orientation sexuelle de vos enfants?
Nous sommes toutes les deux issues de famille hétérosexuelle, alors non. Mais nous croyons qu’ils seront effectivement plus ouverts d’esprit et moins fermés aux différentes options. Nous ne nous sommes jamais mises dans une catégorie, homosexuelles, lesbiennes, etc. Nous sommes simplement tombées en amour avec la personnalité de l’autre, et ç’a adonné que c’était une fille.
Avez-vous peur que vos enfants manquent du modèle masculin que constitue un père?
Nos enfants ont un entourage masculin incroyable. Nous avons des frères, des pères et des amis très proches qui jouent un rôle important à nos yeux. Ils ne manquent pas de modèles masculins. Ce qui est absent, ce sont plutôt les stéréotypes de genre. Ils n’ont pas de papa dans la maison, donc ils voient leurs mamans sortir les poubelles et faire des travaux habituellement attribués aux hommes. Ça donne un Wilson qui adore Stella, le chien rose dans la Pat’Patrouille, et une Romy qui porte du rose tout en jouant aux LEGO et aux petites voitures.
Quels surnoms vos enfants emploient-ils pour vous distinguer?
Au début, avec notre plus vieux, nous étions toutes les deux «mamans». Nous avons constaté que c’était parfois mêlant. Nous avons donc choisi que Jessica serait «maman» et Vanessa, «mamou».