Santé mentale : le soutien des proches fait toute la différence
Il y a un peu plus de trois ans, la vie de Marjorie Dumas a pris une tournure inattendue qui lui a fait traverser un chemin parsemé d’embûches. Diagnostiquée avec une dépression, un trouble anxieux et un trouble panique, elle est revenue de loin pour retrouver aujourd’hui une belle qualité de vie.
Avant d’aller plus loin, il est important de préciser que Marjorie partage la vie de l’auteur de ces lignes depuis plus de quatre ans, preuve que la maladie mentale ne marque pas la fin des relations. Ça n’a toutefois pas été une simple balade dans le parc. De nature anxieuse et déprimée depuis son tout jeune âge, elle a notamment eu sa première rencontre avec un psychologue à 12 ans. Quelques années plus tard, lorsque son médecin lui a annoncé ce dont elle souffrait, Marjorie a ressenti un véritable choc. Elle était alors une jeune adulte de 20 ans aux études et elle voyait son univers s’écrouler. «Sur le coup, ça a été difficile parce qu’on nous met dans une certaine catégorie quand on est atteint d’un trouble de santé mentale. Quand ça devient officiel, c’est un choc. Entendre le mot psychiatre a été dur. Je me suis toutefois rendu compte que le diagnostic est la première étape du traitement.»
Comme dans bien des cas, elle a commencé par cacher ce qu’elle vivait, mais à un certain moment, les crises de panique étant tellement nombreuses, elle ne pouvait plus jouer à l’autruche. «On ne veut pas parler de ça, car on n’en parle pas autour. Personne n’a de difficulté à parler du cancer ou d’un mal de dos, mais quand ça touche la santé mentale, c’est plus tabou, car ça peut avoir un impact sur la façon dont on interagit avec les gens. Il y a un gros préjugé par rapport à ça qui laisse entendre que ça va compliquer nos relations. C’est ce qui me poussait à ne pas en parler au début. Je ne voulais pas faire peur aux gens et je ne voulais pas qu’ils me voient différemment», a exprimé la jeune femme de 23 ans.
Au cours de sa lutte contre la maladie mentale, Marjorie a pu profiter d’un soutien indéfectible de la part de ses proches. Elle s’est d’ailleurs montrée agréablement surprise de leur réaction quand elle évoquait ses problèmes de santé. «Mes proches en ont tous été témoins à un moment ou à un autre, mais le regard n’a pas vraiment changé. Ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’en en discutant autour de moi, on se rend compte que c’est excessivement commun. Quand je parlais de mes troubles, une grande proportion de ces personnes disait en connaître au moins une autre qui était aux prises avec ça. Le fait de sentir qu’on n’est pas seul à vivre ça aide à mieux vivre avec notre maladie.»
Continuer de vivre malgré tout
Dans les premiers temps où elle a eu à vivre au quotidien avec sa maladie, celle qui réside aujourd’hui à Saint-Ferdinand a dû se battre pour continuer à vivre la vie qu’elle avait avant. À travers les crises de panique et d’anxiété, elle était une étudiante, une employée, une fille et une conjointe. Elle a dû faire certains choix pour conserver l’essentiel afin de se remettre sur pied. Elle confie du même souffle que le fait d’aller chercher de l’aide de professionnels en la matière lui a été d’un grand secours. «Dans cette période très difficile, j’ai dû garder la tête hors de l’eau. J’y suis parvenue grâce à mon entourage. Mes proches m’ont aidée à passer à autre chose après une crise. Juste le fait de ne pas prendre une journée avec une crise comme un échec était bon. […] À un certain point, ma mère a décidé de faire le premier pas pour moi en prenant un rendez-vous avec mon médecin. Je ne pensais pas en avoir besoin au début, mais aujourd’hui, je me rends compte que c’est l’une des plus belles choses qu’elle a faites pour moi.»
Marjorie concède d’ailleurs que les gestes effectués par ses proches n’avaient pas besoin d’être grandioses pour qu’elle puisse se sentir mieux. Le fait d’écouter, de poser des questions, de donner son soutien et de dire les bons mots faisait le plus grand bien. «Je me suis rendu compte qu’il y avait énormément d’amour autour de moi plutôt que de l’incompréhension et de la peur. C’est ce qui est le meilleur soutien dans un tel cheminement.»
Elle invite d’ailleurs les personnes qui n’ont jamais été touchées de près ou de loin par la maladie mentale de garder en tête que c’est une maladie comme une autre. «La personne que vous aimez est encore là. C’est la même. Elle vit des choses difficiles, mais ça ne change rien. Ça ne la modifie pas, mais elle a un défi à relever. Tout ce dont elle a besoin, c’est de votre amour et de votre soutien. C’est ça qui fait toute la différence. Si j’avais été seule pendant ces années, je n’aurais probablement pas fini l’école, pas sortie de ma ville et pas sortie de chez moi. Ce qui aide vraiment à garder la tête hors de l’eau, c’est la qualité de l’entourage. Il faut rester fort et patient, car il y a de la lumière au bout du tunnel», a évoqué celle qui travaille dans le domaine de la physiothérapie.
Une qualité de vie retrouvée
Trois ans après avoir reçu son diagnostic, Marjorie a réussi à retrouver une belle qualité de vie. Les attaques de panique sont devenues bien moins fréquentes, l’anxiété est mieux contrôlée et le moral tient bon. Cela demeure toutefois une lutte constante. «Il faut trouver les choses qui vont nous pousser à être en mode résolution de problèmes et non en mode désolation. J’ai survécu à tout ça jusqu’à aujourd’hui, donc je pousse et je fais ce que j’ai à faire. Ça demeure un travail constant. Il y a des rechutes, mais de trouver l’équilibre aide à avancer.»
Ces fameuses rechutes sont d’ailleurs de coriaces ennemies qui suivent les personnes aux prises avec des troubles de santé mentale. C’est avec l’expérience qu’il est possible de bien les apprivoiser, selon ce qu’elle explique. «Il y a des semaines où je vais faire six crises en sept jours et d’autres où je n’en ferai aucune. J’en reviens à l’équilibre. Ça aide à faire face à ces petits retours en arrière.»