Santé mentale : de plus en plus de personnes atteintes
En 2020, des études démontrent que les troubles d’anxiété et la dépression deviendront la première cause d’invalidité au travail dans le monde.
Les facteurs de stress se multipliant et le rythme de vie effréné de la société actuelle, entre autres, expliquent ce phénomène. Et la maladie mentale touche tout le monde, toutes les couches de la société, peu importe le sexe ou l’âge. Que ce soit une adolescente de 16 ans souffrant d’une dépression à la suite d’une rupture avec son amie de cœur ou d’un étudiant universitaire anxieux à l’approche de la période d’examens, la maladie mentale ne fait aucune discrimination.
Si pour certains il s’agit d’une période épisodique, d’autres en souffrent pratiquement toute leur vie. Heureusement, le réseau de la santé québécois est de plus en plus sensible à cette réalité. Plus la personne est prise en charge au début de la maladie, plus elle sera en mesure d’y faire face et de l’apprivoiser.
Pour un meilleur rétablissement, Yoan Larouche, chef de services spécialisés en santé mentale dans Arthabaska-Érable au sein du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), insiste sur la responsabilisation et l’autonomie des patients.
Les intervenants en santé veulent éviter que les personnes souffrant de maladies mentales s’en remettre à l’hôpital. Ils les outillent donc pour qu’elles puissent vivre en société en reconnaissant leurs symptômes et en trouvant les solutions pour les atténuer. Les patients ne sont néanmoins pas seuls dans le processus visant l’atteinte du rétablissement. Bien au contraire. Les familles et leurs proches sont sollicités et le personnel soignant visite les personnes atteintes, selon les besoins.
«Nous travaillons avec des plans d’intervention bien établis, a soulevé Yoan Larouche. Dans les faits, nous offrons un coffre à outils au patient afin de réduire et même d’éliminer sa dépendance au réseau de la santé. En impliquant l’entourage dans le processus de rétablissement, on évite l’isolement de ces personnes.»
Encore tabou
On dit de la société québécoise qu’elle est ouverte, que tous les sujets peuvent être débattus et abordés. Il reste, comme l’a souligné M. Larouche, que la maladie mentale demeure taboue. En fait, elle n’est pas visible, comme c’est le cas par exemple d’un plâtre pour une fracture ou d’une cicatrice pour une plaie.
Il est donc primordial d’en parler, de multiplier les activités de sensibilisation et, pour les personnes atteintes, de mettre en œuvre des initiatives visant à répondre à leurs besoins. Ça a notamment été le cas dans la région avec le lancement récent de la clinique des premiers épisodes psychotiques et de la clinique des troubles de la personnalité limite.
Cette dernière clinique a vu le jour l’an dernier. De la première cohorte, 80% des participants n’ont pas eu à compléter la thérapie. Ce qui est une bonne nouvelle considérant qu’ils étaient déjà aptes à reprendre leurs activités régulières. Une deuxième cohorte, d’une dizaine de personnes, a été prise en charge l’automne dernier.
«Cette formule est éprouvée et les résultats obtenus avec la première cohorte témoignent du succès de la démarche», a fait valoir Yoan Larouche. Ce dernier a conclu en insistant sur l’importance de demander de l’aide si la situation l’exige et que le premier réflexe à avoir, lorsque l’on souffre, est de composer le 811. La personne pourra alors être guidée vers les ressources appropriées.