«L’agression sexuelle n’est pas qu’une histoire de fille»
Parce que «l’agression sexuelle n’est pas qu’une histoire de fille», le CALACS Univers-Vers-Elles a pris la décision d’offrir aussi ses services aux hommes des trois MRC qu’il dessert, Arthabaska, Bécancour, Érable, a annoncé Lise Setlakwe, directrice générale du CALACS (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel).
Cette ouverture de la part d’un organisme féministe, dédié exclusivement au service des femmes depuis 2000, a valu au CALACS Unies-Vers-Elles l’exclusion du Regroupement québécois des CALACS.
Mme Setlakwe a expliqué que l’organisme d’ici n’avait pas créé de précédent puisque deux autres – Vallée-de-la-Gatineau à Maniwaki et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine) – avaient aussi ajouté un volet masculin à leurs interventions. Ces deux CALACS se sont eux-mêmes exclus du Regroupement provincial.
La décision d’offrir des services aux hommes – consultation individuelle et groupe de soutien – a longuement mûri, a expliqué la directrice générale.
Univers-Vers-Elles ne perdra jamais de vue que, majoritairement, ce sont des femmes qui sont agressées sexuellement. Mais il ne peut ignorer le sort des hommes qui l’ont été et qui sont, encore moins enclins qu’elles, à demander de l’aide et qui risquent, à leur tour, de devenir des agresseurs.
«Nous, en tant que femmes, avons des enfants, des garçons et des filles. Nous avons des conjoints et nous souhaitons qu’ils reçoivent des services qui leur permettront de survivre aux impacts des agressions sexuelles.»
L’organisme a obtenu du financement, notamment de Centraide, pour lancer son nouveau service, ajouter une intervenante, Véronique Girard, afin d’accueillir les demandes d’aide des hommes.
«Les budgets sont séparés et on ne négligera pas les services que l’on offre aux femmes», assure Lise Setlakwe. Il valait mieux, a-t-elle dit, profiter des locaux, de l’expertise que le CALACS possède déjà plutôt que de créer un nouvel organisme.
Pour adapter ses services aux hommes, le CALACS a travaillé avec des partenaires comme Homme Alternative, Le Réverbère, le Centre de ressources pour hommes de Drummondville et le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).
Du CAVAC Centre-du-Québec, la directrice générale Sophie Bergeron, a dit que pour les hommes des trois territoires desservis par le CALACS Unies-Vers-Elles, il s’agissait d’une bonne nouvelle. Le CAVAC offre du soutien aux hommes, mais à très court terme, a-t-elle précisé. Et il n’y a pas la possibilité de participer à un groupe de soutien.
«Je salue votre audace. Après toutes ces années de féminisme, on ne peut laisser quelqu’un dans l’ombre parce qu’il n’a pas le bon sexe», a dit Isabelle Dionne, directrice générale de Centraide Centre-du-Québec.
Formée en criminologie, Véronique Girard a expliqué que l’agression sexuelle était encore plus taboue chez les hommes que chez les femmes. Lorsqu’un homme demande de l’aide, c’est souvent pour un autre problème – alcoolisme, toxicomanie – . Et parce que souvent, l’homme a été agressé par un autre homme, il ne voit pas d’un mauvais œil de se confier à une femme.
Le CALACS mise aussi sur l’éducateur spécialisé Daniel Dulude, responsable clinique de la maison Le Réverbère pour coanimer les groupes de soutien avec Mme Girard. Il est le premier homme à faire partie du conseil d’administration de l’organisme.
Pour s’informer ou demander de l’aide, on compose le 819 751-0755 (calacsvicto@cdcbf.qc.ca).