L’heure de la retraite a sonné

DANVILLE. Le 4 avril, Sylvio Boisvert, barbier ayant pignon sur rue au Carré à Danville, prendra une retraite bien méritée. Aujourd’hui âgé de 84 ans, il estime que «son jardin est fait»!

Sylvio Boisvert n’était pas destiné à devenir barbier. Sixième enfant d’une famille de 15, c’est plutôt vers la religion qu’il s’était tourné. Après avoir vécu en communauté pendant près de huit ans, ce n’est que quelques mois avant de prononcer ses vœux perpétuels qu’il décide d’y renoncer. Ne sachant trop que faire comme métier, il aide son père laitier avant de demander conseil à Saint-Joseph, le patron des travailleurs, pour lui donner un coup de pouce.

C’est plutôt un coup de ciseaux qui l’inspirera… c’est décidé, il deviendra barbier! Il complète alors son cours à l’école Moreau de Montréal. Cette formation le mène dans un premier temps à Kingsey Falls, puis à Danville par la suite, où il seconde le barbier Ledoux. En 1966, Sylvio Boisvert, qui rêve d’autonomie, devient propriétaire de l’édifice où il exerce toujours ce métier seul et avec la même dévotion.

Une vie de barbier

«Je suis barbier depuis 56 ans. J’ai appris à être au service des clients. C’est un métier qui demande beaucoup de discrétion, d’écoute. Ce métier me comble», explique M. Boisvert.

Soigner l’apparence de ses clients, respecter le lien de confiance qu’il a su développer avec eux au fil du temps, savoir se renouveler et aimer le métier que l’on exerce sont, selon lui, les ingrédients ayant fait la recette de sa longévité.

«Lorsque le client s’assoit sur cette chaise et que l’on est seuls dans le salon, il s’ouvre, il se bâtit une relation de confiance, sinon il ne revient pas. Et ce qui se passe dans le salon de barbier reste dans le salon de barbier. J’ai entendu bien des confidences, des peines, des joies. Je suis toujours demeuré discret et neutre. Dès que je passe la porte, je ne sais rien», ajoute-t-il en souriant.

La retraite… partielle

Après toutes ces années à coiffer et raser ses clients, M. Boisvert entend bien prendre la vie plus légèrement désormais. «Je suis marié depuis 52 ans, père de deux enfants et grand-père de deux petits-enfants. Il est temps que je pense à donner du temps à ma femme. Et il y a un temps dans la vie où il faut que tu arrêtes», déclare l’homme, visiblement ému à l’idée de ne plus répéter les gestes habituels dans son salon.

Même s’il prend sa retraite, il tient à préciser qu’il se déplacera toujours pour aller s’occuper de ses clients qui ne pouvaient d’ores et déjà plus se rendre au salon.

«Le temps a passé très vite, je ne regrette rien. J’ai fait ce que je voulais et avec amour. Il faut maintenant marcher en avant. Je remercie tous mes clients pour la confiance qu’ils ont su m’accorder durant toutes ses années. Ce fut un plaisir pour moi de les servir», conclut Sylvio Boisvert.

Un homme de son «temps»

Hormis son engagement communautaire et bénévole dans plusieurs organismes de la région, Sylvio Boisvert est l’homme derrière la réparation de l’horloge de l’ancienne banque située au Carré à Danville, face à son salon de barbier. «De ma fenêtre, je me demandais pourquoi elle ne fonctionnait pas. J’ai posé des questions, j’ai eu quelques réponses et je me suis débrouillé», explique le barbier qui, pendant près de 10 ans, tentera de trouver une façon de la réparer. C’est en 1995 que l’horloge reprend le décompte du temps. Un carillon y sera par la suite ajouté afin de souligner l’arrivée de l’an 2000. Depuis une vingtaine d’années, Sylvio Boisvert s’occupe du bon fonctionnement de l’horloge, il va la mettre à l’heure régulièrement, et ce, même si elle appartient à la ville.

Par Sophie Marais