Alain Rayes pose trois conditions pour le prochain chef du PCC

À la suite de la démission, jeudi, du chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, son lieutenant politique au Québec, le député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, estime nécessaire une course à la chefferie.

«Il est certain qu’il y aura une course. On a des choses à discuter entre nous, des enjeux à mettre de l’avant,  des enjeux sociaux, des enjeux comme la question de l’environnement. Il y a une réelle volonté de la population qu’on soit davantage proactif vis-à-vis ces questions-là», a confié Alain Rayes, vendredi matin, au cours d’une entrevue téléphonique.

Selon lui, les conservateurs, partout au pays, sont d’avis «que ça prend moins de taxes, moins d’impôts, une justice plus sévère pour les auteurs de crimes graves et un gouvernement plus efficace».

Pour Alain Rayes, le prochain chef conservateur devra répondre à trois critères : il devra s’exprimer parfaitement dans les deux langues officielles,  il devra être au diapason de la population canadienne en regard des enjeux sociaux et, puisque le Québec constitue une société distincte, une nation reconnue par le PCC, «on devra le voir clairement, y accorder une place dans la plateforme, dans les discours et dans les actions».

«Je vais appuyer la personne qui répondra à ces critères, la plus rassembleuse. Cette personne, je l’appuierai et l’aiderai à devenir le prochain chef du parti et le prochain premier ministre», a-t-il fait valoir.

Quant à lui, le député Rayes ferme complètement la porte à cette possibilité. «Ce ne serait pas rendre service à ma femme et à mes enfants. J’ai envie d’aider, mais il n’est pas question de la chefferie pour moi. Je remercie les gens qui m’ont écrit, qui m’ont téléphoné, j’apprécie leurs mots d’encouragement. Je suis avant tout député de Richmond-Arthabaska et lieutenant politique au Québec et j’aime ce que je fais», a-t-il commenté.

Le député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes

Alain Rayes dit souhaiter que le tout se fasse rapidement, d’ici l’été. Ce serait pour lui le scénario idéal. «Il existe une possibilité pour l’exécutif national de faire en sorte que le congrès d’avril coïncide avec la fin de la course et le choix du chef. Ce serait le chemin le plus court, mais est-ce que le parti décidera de retarder en mai ou juin le congrès pour permettre à la course d’avoir lieu parce qu’on doit observer des délais?», a-t-il soulevé.

Le départ de Scheer

La démission d’Andrew Scheer n’a guère surpris Alain Rayes, mais le moment choisi, oui. «On s’attendait tous à ce qu’il profite de la période des Fêtes pour réfléchir et analyser toute l’information qu’il a reçue dans les dernières semaines. Mais, au final, je pense qu’il a pris la meilleure décision pour lui, pour sa famille et pour notre organisation», a exposé M. Rayes.

Questionné à savoir si le chef aurait dû abdiquer le soir de la défaite électorale ou peu après, le lieutenant politique au Québec estime qu’il lui était légitime de prendre le temps d’analyser la situation. «Il a quand même augmenté le nombre de votes, le nombre de sièges. Il y voyait peut-être une opportunité. Cela dit, l’important était qu’il fasse une réelle consultation», a indiqué Alain Rayes.

Ce qu’il a fait. Le PCC a également effectué un bilan. Et Alain Rayes, comme lieutenant politique, en a fait un pour le Québec. «Il avait toutes les informations nécessaires pour prendre une décision. Sinon, les membres du parti allaient décider au congrès d’avril», a-t-il signalé.

Au Québec, le député Rayes a constaté que ça n’allait pas pour Andrew Scheer. «Il y avait une grogne palpable, a-t-il admis. Des candidats et organisateurs, lors d’une rencontre émotive et difficile, lui ont même fait savoir qu’il devait partir. On sentait une insatisfaction et une grande déception, car les gens voyaient un réel potentiel de gagner avec l’équipe de candidats, avec le programme qu’on avait. Et peut-être une des plus grandes frustrations des candidats durant la campagne, c’est qu’on a passé plus de temps à défendre les positions personnelles du chef plutôt que de présenter ce qu’on avait à offrir aux Québécois et aux Canadiens.»

Alain Rayes rappelle qu’il appuyait Andrew Scheer depuis le début. «C’est une personne bonne, travaillante, à l’écoute et qui avait une réelle volonté de vouloir faire une différence. Mais la politique étant ce qu’elle est, c’est très difficile, je crois qu’il a pris la bonne décision», a-t-il noté.

Malgré tout, le député de Richmond-Arthabaska affirme que son parti est très uni. «Malgré les questionnements de certains sur son leadership, à la Chambre, on a toujours travaillé ensemble d’une même voix. On avait cette préoccupation de ne pas faire de cadeau au gouvernement. On a voulu faire une distinction entre le travail parlementaire et le travail partisan du PCC. Je pense que c’est réussi. Hier (jeudi), de façon unanime, on a souhaité qu’il demeure chef par intérim  jusqu’à la nomination du prochain chef. Il nous conduira jusqu’à ce moment. On va travailler ensemble pour fournir une opposition forte», a-t-il conclu.